HISTOIRE SUR LA SIRÈNE NORDIQUE

La mythologie nordique dont sont issues les sirènes, regroupe différents mythes provenant de l’Europe du nord (Scandinavie, Islande, Nord de l’Allemagne), elle possède également un grand nombre de divinités, de créatures fabuleuses et de héros. Les premiers mythes nordiques ont fait leur première apparition vers le Ier siècle.

Ici, nous allons vous présenter une histoire connue, La Petite Sirène de Andersen, évoquant comme personnages principaux les Sirènes nordiques.

LA PETITE SIRÈNE

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La petite sirène, Bertall

Ce conte décrit les aventures d’une sirène de 15 ans, très éprise d’un jeune homme qui était un prince. Elle vivait dans un château au fond de l’océan avec sa famille, dont ses 5 grandes sœurs et son père, qui était roi. Elle est décrite comme une très belle jeune fille qui avait « la peau fine et transparente telle un pétale de rose blanche » et « les yeux bleus, comme l’océan profond » et aussi une voix mélodieuse, « la plus belle de toute ». Lors d’une tempête, la petite sirène sauva la vie du jeune prince, mais il pensait que c’était une autre fille qui l’avait sauvé. La sirène décida alors de sacrifier sa belle voix, pour obtenir des jambes afin de séduire le prince, mais aussi pour obtenir une âme immortelle. Il s’avère que ce changement lui causa une immense souffrance physique, comme lors de sa transformation : « tu souffriras comme si la lame d’une épée te traversait » et notamment lorsqu’elle marcha : « mais chaque pas que tu feras, sera comme si tu marchais sur un couteau effilé qui ferait couler ton sang. ». Sa souffrance était également amoureuse, puisque le prince prétendait être amoureux d’elle mais il se maria finalement avec la fille qui l’avait prétendument sauvé. La petite sirène était effondrée, ses sœurs lui donna un couteau magique afin de tuer le jeune homme, cela lui permettait également de récupérer sa queue de poisson. La sirène ne pouvait se résoudre à le tuer, elle se jeta dans l’océan et se transforma en écume, mais elle ne mourut pas, car son âme est devenue immortelle.

ANDERSEN

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La Petite Sirène ou La Petite Ondine, (Den Lille Havfrue, qui est le titre original en danois) est un conte écrit par l’écrivain danois Hans Christian Andersen, publié en 1837. Andersen est né le 2 avril 1805 à Odense et il est mort le 4 août 1875 à Rolighed, était un romancier, un dramaturge, un conteur et un poète danois. Il grandit dans la misère, il fut livré à lui même quand sa mère se remaria et quand son père mourut en 1816. Il partit à Copenhague, espérant devenir un grand chanteur ou danseur, mais il échoue. Malgré cela, il a réussi à trouver un travail dans un théâtre, il commença à écrire ses premiers textes. Son tout premier succès fut Promenade du canal de Holmen à la pointe orientale d’Amagre, écrit en 1830. Mais Andersen fut principalement célèbre pour les contes qu’il a écrit telle que La Petite Fille aux allumettes, La Reine des Neiges ou Le Vilain Petit Canard. Il était connu dans toute l’Europe, ses contes sont maintenant connus dans le monde entier et traduits dans plus de 80 langues.

Extrait de la fin du conte 

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« Maintenant, le soleil surgissait majestueusement de la mer. Ses rayons tombaient doux et chauds sur l’écume glacé et la petite sirène ne sentait pas la mort. Elle voyait le clair soleil et, au-dessus d’elle, plainaient des centaines de charmants êtres transparents. A travers eux, elles apercevaient les voiles blanches du navire, les nuages roses du ciel, leurs voix étaient mélodieuses, mais si immatérielles qu’aucune oreille terrestre ne pouvait les capter, pas plus qu’un regard humain ne pouvait les voir. Sans ailes, elles flottaient par leur seule légèreté à travers l’espace. La petite sirène sentit qu’elle avait un corps comme le leur, qui s’élevait de plus en plus haut au-dessus de l’écume.

Où vais-je ? demanda-t-elle. Et sa voix comme celle des autres êtres, était si immatérielle qu’aucune musique humaine ne peut l’exprimer.

Chez les filles de l’air, répondirent-elles. Une sirène n’a pas d’âme immortelle, ne peut jamais en avoir, à moins de gagner l’amour d’un homme. C’est d’une volonté étrangère que dépend son existence éternelle. Les filles de l’air n’ont pas plus d’âme immortelle, mis elles peuvent par leurs bonnes intentions, s’en créer une. Nous envolons vers les pays chauds, où les effluves de la peste tuent les hommes, nous y soufflons la fraîcheur. Nous répandons le parfum des fleurs dans l’atmosphère et leur arôme portent le réconfort et la guérison. Lorsque durant 300 ans nous nous sommes efforcées de faire le bien, tout le bien que nous pouvons, nous obtenons une âme immortelle et prenons part à l’éternelle félicité des hommes. Toi pauvre petite sirène, tu as de tout cœur cherché le bien comme nous, tu as souffert et supporté de souffrir, tu t’es haussé jusqu’au monde des esprits de l’air, maintenant tu peux toi-même, par tes bonnes intentions, te créer une âme immortelle dans 300 ans.

Alors, la petite sirène leva ses bras transparents vers le soleil de Dieu et, pour la première fois, des larmes montèrent à ses yeux. Sur le bateau, la vie et le bruit avaient repris, elle vit le prince et sa belle épouse la chercher de tous côtés, elle les vit fixer tristement leurs regards sur l’écume dansante, comme s’ils avaient deviné qu’elle s’était précipitée dans les vagues. Invisible elle baisa le front de l’époux, lui sourit et avec les autres filles de l’air elle monta vers les nuages roses qui voguaient dans l’air. »

ANALYSE :

La fin de la Petite Sirène est atypique, puisque généralement, la fin d’un conte est généralement heureuse et tout fini bien, d’ailleurs la formule de clôture est souvent : « il se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » lorsque que les héros principaux forment un couple, ou alors « tout est bien qui finit bien ». Certes, le prince s’est marié à la fin de l’histoire, mais il ne s’est pas marié avec l’héroïne, la petite sirène est donc restée seule puis elle mourut. Cette fin est plutôt ironique et cruelle puisque la jeune femme a fait tous ses efforts, elle a sacrifié sa vie, sa vie sous-marine et sa vie de famille, elle s’est même mutilé (sa langue a été tranché et elle n’a plus sa queue de poisson) et au final elle n’a pas pu conquérir le prince. Le fait que son amour ne soit pas partagé donne également une dimension tragique, cependant il y a surprenante alternative qui s’offre à la sirène. Son tout premier rêve était d’avoir une âme immortelle, mais elle ne pouvait pas en avoir une en tant que sirène. Mais grâce à sa transformation, elle avait la chance d’en obtenir une à condition qu’un homme tombe amoureux d’elle. Bien que le prince a épousé une autre femme, il aimait la petite sirène au début de l’histoire. Même si elle n’a pas réussi à accomplir son premier souhait, elle a tout de même réalisé son autre objectif. Dans la mythologie nordique, les sirènes n’ont pas eu la possibilité d’avoir une âme immortelle comme la petite sirène.

La petite sirène meurt, elle se transforma en « écume » (ligne 2) mais quand son âme s’éleva au ciel, c’est une renaissance pour elle. C’est une mort symbolique parce qu’elle marque le changement de la jeune fille, qui a grandi. La sirène traverse trois « mondes » différents, le monde aquatique qui reflète son enfance, le monde terrestre reflétant son adolescence et le « ciel », qui reflète son passage à l’âge adulte, la jeune qui prend son « envole », littéralement et symboliquement : « la petite sirène […] s’élevait de plus en plus haut ».

L’apparence de la petite sirène était primordiale pour elle, parce qu’elle pensait que grâce à ses nouveaux « attributs » (ses jambes), elle réussirait à séduire le jeune homme. De plus, l’allure de la jeune sirène peut nous faire penser à une ondine (génies des eaux), qui était également très belle, gracieuse et avec de longs cheveux soyeux. Ce corps qui était si important à ses yeux, ne compte plus « La petite sirène sentit qu’elle avait un corps comme le leur, qui s’élevait de plus en plus haut » (lignes 7-8), il devient immatériel.

CONCLUSION :

La beauté de la petite sirène est une beauté typique des sirènes nordiques, mais pourtant, elles ont des différences. Elles n’ont pas le même caractère, les sirènes nordiques sont plus maléfiques puisqu’elles veulent tuer les marins contrairement à la petite sirène. On note qu’Andersen, s’est inspiré des sirènes nordiques tout en les revisitant, il n’a pas utilisé un personnage exactement similaire, cette modification est intéressante parce que la petite sirène s’avère être un personnage plus complexe qu’on aurait pu imaginer.